PLAISE A LA COUR
Considérant que le canon 915 du Code de droit canonique établit que "Les excommuniés et les interdits, après l'infliction ou la déclaration de la peine, et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la sainte communion".
Considérant que le canon 1056 du Code de droit canonique établit que « les propriétés essentielles du mariage sont l'unité et l'indissolubilité qui, dans le mariage chrétien, en raison du sacrement, acquièrent une solidité particulière », et qu'il s'en suit sans autre considération que tout lien conjugal est intrinsèquement indissoluble.
Considérant que le fait générateur d'une seconde alliance conjugale est un péché grave et instantané qui produit des effets pour l'avenir, mais qu'il n'est pas loisible à une personne entrée dans une deuxième alliance conjugale de la renier sans pécher plus gravement encore.
PAR CES MOTIFS
les requérants concluent qu’il plaise
à l'Eglise catholique
de
DIRE
que le maintient dans une deuxième alliance conjugale n'a pas le caractère de persistance obstinée dans un péché grave et manifeste.
REAFFIRMER
sa sollicitude maternelle pour les fidèles qui se trouvent dans cette situation ou dans d’autres situations analogues.
ENJOINDRE
à ses ministres d'accueillir, comme une condition de vraie pastoralité, d’authentique préoccupation pour le bien de ces fidèles et de toute l’Église, les demandes de réconciliation et d'admission à l’eucharistie des personnes entrées dans une deuxième alliance conjugale, dites « divorcés remariés ».
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Anciennement avocat, Jean-Paul Vesco aurait pu présenter son argumentation comme une requête formulée devant le Conseil d'Etat ; dominicain et évêque, le frère Jean-Paul Vesco est aussi le témoin d'une expérience pastorale qui demande à l'Eglise d'être présente aux moments de fragilité et de rupture, et qui ne se résigne pas à choisir entre vérité et miséricorde.
Depuis les années 70, texte après texte, l’Église tente de clore la question des « divorcés remariés », et la question est sans cesse soulevé à nouveau par des pasteurs, des théologiens, par le public.
Comment se fait-il que l’Église préconise la miséricorde et engage les fidèles divorcés remariés à se sentir toujours membres de l’Église, tout en les tenant écartés de l'Eucharistie " source et sommet de toute la vie chrétienne » ?
Comment se fait-il qu'en pratique le remariage des fidèles est le seul cas où la réconciliation sacramentelle n'est pas possible ? Et si en théorie la situation des fidèles divorcés remariés n'est pas la seule qui devrait poser question par rapport à l'appartenance ecclésiale (sans aller jusqu'au général Pinochet, il y a bien d'autres situations de contradiction permanente avec une exigence de l’Évangile), elle seule fait l'objet de rappels constants de la part des plus hautes autorités de l’Église.
L'INSEE nous dit qu'il y a eu en 2013 233 108 mariages et 124 948 divorces. La première réponse pastorale est de renforcer la préparation au mariage, de tout faire pour que l'échec n'advienne pas, mais qui se leurre ? Une préparation accrue de trois soirées et un week-end au temps des fiançailles ne renversera pas le développement massif des divorces que nous voyons depuis des décennies et n'épargnera pas la douloureuse confrontation de l’Église à l'échec des unions qu'elle célèbre.
Dans cet activisme de la préparation il y a peut être pour partie une forme de retrait paniqué devant l'échec vertigineux que décrivent les statistiques.
Étonnamment, alors que la doctrine de l’Église fonde l'indissolubilité du mariage sur cette parole du Christ « Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas » (Mc 10,9) toute l'attention est centrée sur le nouveau mariage, et fort peu sur le divorce lui-même, or c'est bien la séparation qui montre la faillite du premier lien , et met en cause l'indissolubilité. En revanche quand après un parcours douloureux, enfin une nouvelle union vient apporter une renaissance et un espoir nouveau dans l'amour, là tombent les sanctions. D'un côté la vie s'ouvre, de l'autre la loi vient l'étouffer. Comment l’Église voit-elle son rôle
Combien de pasteurs et de théologiens devront encore se lever à la suite de Jean-Paul Vesco et de tant d'autres pour que l’Église entende les peines et les joies des hommes et des femmes ?
Par Philippe O.